Le développement participatif, entre souhaits et réalité ( partie 1)
Nous entendons souvent des discours sur l’humanitaire et
le développement qui malheureusement ne montrent qu’un seul aspect des choses.
S’adressant en priorité au monde occidental dans lequel vit l’auteur, ces
discours tentent de clarifier la relation aidant-aidé, sauveteur-sauvé,
nous-eux. L’agent de développement devient un moralisateur pernicieux, roi de
la vertu et défenseur des plus faibles.
Ces discours ne sont-ils
pas ceux d’un donnateur blasé des campagnes de publicité et de pétitions
organisées par les organisations non gouvernementales en Europe ? Ne
sont-ils pas les « sanglots d’un homme blanc D’après l’ouvrage Pascal
Bruckner, Les Sanglots... » regardant les habitants du tiers-monde comme des
moitiés d’homme, des enfants incapables de s’exprimer et de se défendre ?
D'après le rapport
sur le développement 2014 édité par la Banque mondiale, Combattre la pauvreté, est éloquent sur l’état des pays en voie de
développement, où 3 personnes sur 4 , soit plus que la moitié de la population
Africaine, vivent encore avec moins de 500 francs CFA par jour après toutes ces sommes faramineuses investies. On peut se demander si le
travail de développement a réellement son utilité dans la manière dont il a été
accompli jusqu’au début des années quatre-vingt-dix.
A la recherche d'alternative crédible de développement, ces dernières années ont
vu l’émergence de nouvelles démarches, fondées sur la participation des
populations. Qu’en est-il aujourd’hui de leur impact ? Peut-on déjà en
tracer un bilan et en tirer les premières leçons ?
La participation des populations, un indicateur
incontournable, à la base de l’évolution du travail social dans le développement
À Man, en Côte d'Ivoire,
lors d’une table ronde organisée par l'ASBL Kouady en Fevier 2015 dernier,
les partir prenante dressent un bilan des actions initiées depuis dix ans dans
la région. Les résultats obtenus sont très mitigés et amènent tous ces
opérateurs à repenser leur approche. Le concept de « développement local
participatif » apparaît alors. Il s’agit de mettre en place des projets
destinés aux populations conçus et réalisés avec les communautés.
Comme l’explique M. Alain
Pliez Les citation ne faisant pas référence à des publications...,
coordinateur national du Projet pluriannuel des microréalisations (ppmr) du Fonds européen de développement
(fed) au Benin : « Il ne
reste actuellement aucune trace des projets mis en place dans les années
quatre-vingt, alors qu’ils ont nécessité énormément de ressources financières
et de ressources humaines. Sur le terrain, c’était un déploiement d’“experts”,
de véhicules. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Les rapports
d’évaluation ont montré que les projets étaient conçus par des conseillers
économiques et financiers qui ne tenaient pas compte des mentalités et du
contexte local. Dans plusieurs régions, on réalisait les mêmes projets avec les
mêmes méthodes et approches. On les imposait aux populations. »
Actuellement, plusieurs
projets sont en cours au en Côte d'Ivoire: des Fonds sociaux de
développements, des programmes de Renforcement des capacités
communautaires ...
Ces projets menés en générale par les organismes internationaux sont conçus
globalement sur le même schéma. L’objectif est commun : satisfaire les
besoins des populations en activités génératrices de revenus et en
infrastructures collectives. La démarche est également similaire : un
groupe de personnes, tel qu’un groupement de paysans ou d’artisans ou bien
encore une association de parents d’élèves, a une demande à formuler. Il peut
s’agir de la construction d’un poulailler, d’un grenier à céréales, d’un puits
pour le maraîchage, d’un pont ou bien encore d’un dispensaire ou d’une école. «
Mr Téa, PDE de l'ASBL Kouady, explique que généralement le bailleur vient aider à réfléchir à
tous les tenants et aboutissants du projet, avec plusieurs réunions de groupe,
souvent même les organisations font appel à un agent de développement qui aide
encore à remplir le formulaire de demande de financement. » Puis des conseillers techniques des organismes
internationaux vérifient sur place l’existence du groupe, son organisation et
le bien-fondé du projet.
Un critère essentiel est
le niveau de participation du groupe à cette action. Par
« participation », ces organismes entendent notamment une
« participation contributive », c’est-à-dire financière. En effet,
l’organisme financeur impose au groupe de participer à hauteur de 25 % de
la valeur totale du projet. La forme de cette contribution varie : de
l’argent, des matériaux de construction, de la main d’œuvre. « En réalité,
ajoute M. Téa, avec un projet réellement bien monté et une population bien
mobilisée, les communautés ne peuvent fournir que 10 % de la valeur
globale. » Dans ce cas, les organismes s’arrangent pour ajouter la
contribution de l’État dans le fonctionnement des projets, telle que le salaire
de l’instituteur.
Outre les organismes
internationaux, les ong ont-elles
aussi développé et encouragé cette évolution vers la prise en compte des
besoins et des demandes des populations dans leur propre développement.
Le modèle participatives
est mieux comprise grâce aux travaux de Mr ZADY Kessé, qui fait prendre
conscience de l’importance du savoir et des expériences des populations.Cette
démarche bouleverse le rôle de l’agent de développement. Ce dernier n’est
plus ce héros aventurier, baroudeur. Il devient un travailleur social diplômé,
qualifié, recruté selon des critères bien précis.
« Les humanitaires
sont ceux qui professent une confiance dans les hommes et leurs capacités à
améliorer, à construire un monde plus juste[7] Selon
Rony Brauman, Humanitaire : le dilemme, Paris,... . » Les agents
de développement sont aujourd’hui des promoteurs de l’Homme pluriel. Ils ne
sont pas les bâtisseurs, mais les catalyseurs, les créateurs de ponts et de
liens entre différentes compétences qui s’unissent pour « construire un
monde plus juste ». Les populations ne sont plus de simples bénéficiaires,
mais deviennent les actrices principales de leurs propres projets et non plus
de l’aide importée, de l’assistanat parachuté.
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