Et s'il était grand temps de promouvoir un LINUX agricole?

Il n’y a pas si longtemps, on racontait que des biologistes moléculaires allaient sauver des milliards de personnes de la famine en créant génétiquement des cultures capables de résister aussi bien aux inondations qu’au gel et aux périodes de sécheresse; des cultures qui pourraient s’épanouir dans des terres desséchées et fleurir dans du sable salé; des cultures qui se plairaient même dans une atmosphère saturée de dioxyde de carbone et de rayons solaires chargés en radiation. Une graine sans eau était sur le point de devenir la nouvelle application à la mode.
En 1970, pendant son discours de réception du prix Nobel de la paix, Norman Borlaug, un agronome, avait déclaré: «Avec l’aide de nos dieux et de la science, nous devons non seulement augmenter notre production de nourriture, mais également nous assurer que celle-ci est protégée contre des catastrophes physiques et biologiques.»
Plus récemment, Cathleen Enright, la vice-présidente du secteur alimentation et agriculture de l’Organisation de l’industrie biotechnologique (BIO), a confié : les cultures transgéniques ont «réduit les émissions de gaz à effet de serre, les fuites de pesticides et les quantités de carburant utilisées. La biotechnologie a causé une séquestration plus importante du carbone dans le sol».
Mais malgré les espoirs de Norman Borlaug et l’opinion controversée de Cathleen Enright, les cultures génétiquement modifiées telles que nous les connaissons ont, de manière générale, rendu l’agriculture encore plus dépendante d’un système basé sur des «apports» coûteux: en jargon agricole, ces apports désignent les graines et herbicides aux marques déposées qui ont permis à des multinationales comme Monsanto ou Dow de réaliser des profits inimaginables.
La réputation des cultures transgéniques a depuis lors pris un coup: ce qui était autrefois considéré comme une révolution en matière de technologie verte est maintenant perçu comme une source de pollution génétique par la majorité, et une abomination pour de nombreux écologistes.

Notre idée: ronger les droits de propriété
L’agriculture OGM repose sur une science assez nouvelle qu’est la bio-informatique (un mélange de bio- et de sciences de l’information), ce qui veut dire que les séquences ADN ressemblent bien plus à des codes informatiques qu’à un jardin potager. Et si Monsanto est le Microsoft des ressources alimentaires (en s’intéressant aux bouches plutôt qu’aux touches), alors peut-être qu’il est temps qu’un équivalent agricole de Linux, le système d’exploitation libre qui a fait de la programmation informatique un effort commun, voie le jour.
Il est grand temps de faire la différence entre les joueurs et le jeu lui-même, et d’admettre qu’on peut être opposé à l’agriculture de masse sans pour autant être contre l’innovation scientifique.
Une organisation libre est la manière la plus rapide de ronger les droits de propriété qui s’appliquent aux molécules alimentaires, ces droits qui garantissent des énormes profits aux transnationales tout en condamnant la Terre à un futur monoculturel pour l’agriculture, sans aucune considération pour l’écologie. Ce qui éviterait notamment des dangers comme la volonté d’intérêts particuliers pouvant amener au brevetage du vivant, voir à terme de notre propre ADN d’être humain. (Voyez ce documentaire montrant comment Monsanto veut breveter le porc (l'animal!) ainsi que Richard Stallman et Jean-Pierre Berlan sur les Brevets (sur le logiciel et sur le vivant) pour mieux comprendre la réalité du problème).

En effet, la meilleure manière de barbouiller Monsanto n’est pas d’étiqueter les produits mais de miner ses revenus. Il y a déjà un grand nombre de pionniers de la biotechnologie qui ont suivi les exemples libres d’Apache et de Wikipédia. La base de données du projet de cartographie du génome humain est libre d’accès depuis sa publication en 2003. La carte génétique du riz est maintenant disponible gratuitement pour tous les chercheurs du monde.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait de son «accès à la recherche mondiale sur l’agriculture en ligne» un modèle transnational de circulation libre d’informations. Les chercheurs agricoles des pays en voie de développement n’ont pas à débourser le moindre centime pour consulter les dernières recherches en sciences de la vie publiées dans pas moins de 3.000 revues académiques.
Tout comme les logiciels libres de droits, la génétique alimentaire libre pourrait faire avancer la recherche biologique aux Etats-Unis, et nos universités pourraient bien devenir des foyers d’innovation scientifique. La production intellectuelle ainsi libérée de la propriété intellectuelle prospérerait, tandis que les scientifiques auraient accès au code ADN dans toutes ses infinies variétés, et seraient libres de créer des travaux dérivés en partageant leurs découvertes. Aucun acte de foi ne serait nécessaire, puisque le principe de liberté de droits est l’un des plus vieux de la dynamique alimentaire: il n’y a pas de brevet déposé sur le poulet rôti, et le fondateur des restaurants Momofuku, David Chang, ne doit verser aucune rémunération à Marcella Hazan, Julia Child ou encore au Colonel Sanders, bien que ses travaux soient des dérivés de leurs techniques.

Le Principe du "Libre", C'est quoi?

Le concept de libre vient d'abord du monde de l'informatique, mais il s’étend à tout autre domaine touchant la vie humaine.
Si les matériaux et outils que nous utilisons dans notre quotidien sont inaccessible, non documenté, si l'on ne peut le modifier en changeant une puce, en soudant un élément supplémentaire relativement facilement, si toute modification est interdite par l'entreprise qui les vendent ou que cela casse la garantie de la totalité des pièces du produit, alors c'est le matériel qui "piégera" et contournera le logiciel libre et le monde du libre.
Appréhender le matériel libre, c'est appréhender la possibilité de devenir sa propre usine, son propre fabricant d'objets, en se libérant des contraintes de la consommation obligatoire, de la publicité, de l'avant et après vente.
A terme c'est la reprise en main de la matérialité au sens très large (minéral, animal, végétal etc) dans un but d'une meilleure répartition des richesses, du respect de l’intérêt général et de l'auto-détermination des peuples qui devient possible, Certes, les matières premières restent indispensables, mais savez vous qu'il est par exemple possible de fabriquer du plastique à base de lait animal (vache, brebis etc) ou de végétaux ?
Regardez autour de vous, vous avez forcément déjà du plastique dans un objet dont vous ne vous servez plus. Avec une Broyeuse extrudeuse domestique, vous pourrez réutiliser le plastique de n'importe quel objet pour l'utiliser dans une imprimante 3D afin de créer l'objet de votre choix.
Le matériel libre permet de se libérer des obligations de la société de consommation, sans pour autant renoncer à obtenir ou fabriquer des objets de qualité.
"Libre", ne veut pas dire "gratuit" ni de "mauvaise qualité".
A l'inverse "Propriétaire" veut généralement dire payant, mais pas forcément de "bonne qualité".

L'aspect communautaire est très présent, ce qui est tout l’intérêt. Fini les services après vente surtaxés et qui n'offrent aucune solution. Avec le matériel libre, vous avez généralement affaire à des passionnés qui connaissent très bien le produit dont ils parlent étant donné qu'ils sont eux mêmes participants à l'amélioration du produit. 

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