Comment produire et garder son sol fertile

Le sol est trop souvent négligé et mal mené par des labours profonds, retournements intempestifs, la monoculture ou des produits chimiques en tous genres, ce qui le dégrade et l'appauvrit. Pourtant il est essentiel à la Vie sous toutes ses formes, des micro-organismes aux grands mammifères que nous sommes en passant par toute la faune et la flore qu’il accueille et nourrit lorsqu’il est vivant !
Pour maintenir la fertilité, l'équilibre et la stabilité de son sol, le jardinier ou le agriculteur conscient vénère son sol. il travail régulièrement à la mise en place d'un couvert organique permanent, un travail réduit et superficiel du sol (sans retournement en profondeur), veille à pratiquer la rotation des cultures et la mise en place de cultures associées. Toutes ces pratiques culturales contribuent au maintien d'un sol fertile. Voyons tout cela d’un peu plus près…

Qu'est-ce qu'un sol fertile?
un sol fertile doit avoir une structure et une profondeur qui permettent aux plantes de développer leurs racines pour s'ancrer, retenir l'humidité et évacuer l'eau en excès. Sa composition doit permettre un bon approvisionnement en éléments nutritifs (N,P,K), en eau et en oligo-éléments.
Un sol dit en « bonne santé ou idéal » est composé de :
  • 25 % d’air
  • 25 % d’eau
  • 5 % de matières organiques
  • 45 % de minéral
Selon le lieu, le climat, la diversité de la vie présente et les conditions de formation et d’exploitation, les proportions de ces composantes seront évidemment variables et cela aura une incidence sur la fertilité du sol.

Comprendre le formation du sol dans la nature?
Le sol est formé par dégradation de la roche mère, par la décomposition des matières organiques, par le travail des végétaux, de la faune et des micro-organismes, des champignons qui y vivent ainsi que par différentes actions physico-chimiques complexes telles que le lessivage par les eaux de pluie, l’érosion, etc. Si vous voulez plus de renseignements là-dessus, d’excellents ouvrages existent, et notamment « Le génie du sol vivant » dont vous trouverez les références en fin d’article.
Ce qui nous intéresse tout particulièrement, en permaculture, c’est la fertilité, la conservation et la régénération d’un sol vivant.

Observons un sol forestier...

Ce qui frappe en premier lieu est la souplesse du sol est très souple. Nous marchons comme sur un énorme matelas. Dans un second temps, on s’aperçoit que le sol n’est jamais à nu… la nature a horreur du vide c’est bien connu ! Quand on commence à écarter ce tapis de feuilles, on voit que toutes ces matières sont plus fragmentées puis comme digérées par la faune du sol pour en faire un genre de couscous dans lequel les végétaux se trouvent fort bien !! En effet, si on regarde bien, les forêts n’ont jamais eu besoin de l’homme, ni d’apport d’engrais d’aucunes sortes pour se porter à merveille !!!
Tout ceci n’est en fait qu’un processus, car la nature a tout prévu : elle tend vers l’autofertilité et l’équilibre constamment. L’arbre, par exemple, est autotrophe, c’est-à-dire qu’il est capable de se nourrir et générer sa propre matière organique à partir des ressources qu’il puise dans le sol et dans l’atmosphère, puis il produit des fruits, des branches, des feuilles, etc.Et quand tous ces éléments meurent, ils se déposent à la surface du sol. Sous terre, le processus est le même avec la production et la perte de radicelles (petites racines) régulières.
C’est à ce moment qu’interviennent nos compagnons du sol : vers, champignons, insectes, bactéries et autres micro-organismes… Ils se nourrissent de ces matières organiques. Certains ont comme boulot de fragmenter la matière, d’autres l’enfouissent dans le sol, d’autres la transforment en éléments assimilables par les plantes. Une partie des matières organiques est transformée directement et rendue accessible aux plantes sous forme des fameux N, P, K (azote, phosphore, potassium, les trois principaux éléments vitaux pour les végétaux, même s’ils ne sont bien sur pas les seuls !!!), et l’autre est transformée en humus et sera disponible, petit à petit, pour les plantes. Un genre de stock en gros… La composition de cet humus est en majorité de la lignine (issue du bois), des matières azotées, de la cellulose, des sucres et des oligo-éléments.
Nous sommes donc en présence de cycles où la nature pourvoit entièrement à tous les besoins de l’écosystème qu’elle a créé, les végétaux prolifèrent et s’épanouissent sans aucun besoin de travail du sol ou d’apports extérieurs.

Comment reproduire ce fonctionnement naturel de création de sol dans la production nourricière humaine ?

Pas si compliqué; Ne jamais laisser le sol à nu, un couvre-sol ou mulch ou paillis, va nous apporter beaucoup :
La faune du sol va dégrader ce couvre-sol et le rendre disponible aux plantes sous forme de nourriture, il va donc fertiliser notre terre.
Cette faune va creuser des galeries, aérer le sol, le rendre perméable à l’air et poreux à l’eau, ce qui va permettre un meilleur développement des racines, une circulation et un stockage optimal de l’eau. Voilà pourquoi je vous recommande très fortement  de ne pas retourner ou labourer le sol en profondeur sous peine de briser ce cercle vertueux et de bouleverser l’ensemble de cet équilibre vivant. Une autre raison est l’importance du réseau mycélien dans le sol, qui contribue pour beaucoup plus que l’on ne croit à la santé de nos végétaux, en créant des associations vertueuses avec ceux-ci, en leur mettant à disposition eau et nutriments en échange d’éléments nécessaires à leur survie.
Ce mulch va protéger le sol de l’érosion, du lessivage, du soleil…
Limiter l’évaporation de l’eau et retenir l’humidité ce qui va réduire énormément les besoins en arrosage.
En fin, en couvrant le sol, on coupe aussi l’accès à la lumière, cela va donc réduire la pousse des plantes « indésirables ». Que du bon ! 
Plus qu’un simple substrat, un sol vivant est un véritable écosystème complexe à la base de notre existence ; prenons soin de cet écosystème sol et nous aurons moins besoin de soigner nos plantes. 

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